Toute la force de The Zone Of Interest tient justement au dispositif que Glazer décide d’adopter : ne jamais montrer l’intérieur du camp, les prisonniers, les tortures, les exécutions, l’anéantissement, ne filmer au contraire que le quotidien de la famille Höss —pique-nique au bord de l’eau, discussions entre amis, gamineries diverses, banalité d’une vie de rêve à deux pas du cauchemar. L’effet est pour le spectateur sidérant. L’horreur est omniprésente, d’autant plus insistante que niée. Certes on voit Hedwig Hensel essayer devant un miroir le manteau volé à une détenue ou menacer de réduire en cendres la jeune femme juive contrainte de la servir à table, mais ce ne sont là que des éléments parmi d’autres du tableau monstrueux que le nazisme peint. Car tout, strictement tout, devient insupportable : boire un thé, cueillir une fleur, souffler les bougies d’un gâteau d’anniversaire, papoter avant de s’endormir. Tout ce qui n’est apparemment en rien Auschwitz-Birkenau devient Auschwitz-Birkenau. Plus une seule parole prononcée par Höss, plus une seule des mimiques de sa femme uniquement préoccupée par un éventuel déménagement, plus rien n’est insignifiant, tout devient écho du pire et par là même, acte d’accusation.

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