Certaines choses ne changent pas. Mon grand-père taquine ma grand-mère. Elle fait semblant d’en être agacée. Le baiser au réveil et au coucher. Elle l’appelle Mon chéri, lui Ma chérie. Mamie met les cachets de Papi dans le pilulier. Elle prend son Lexomil avant de se coucher. Papi propose du champagne ou un pineau à l’apéritif. Mamie me demande de goûter le plat pour savoir s’il manque de sel. Elle ne boit pas d’alcool. Elle dit que ça lui coupe les jambes. Elle ne dit pas que son père était alcoolique, qu’il en est mort. Mamie parle beaucoup mais jamais d’elle. Elle parle de Papi. Mamie se lève à l’aube et prépare le petit déjeuner. Deux tranches de brioche avec du beurre et de la confiture. Papi, un café au lait. Mamie, une tisane. La journée commence. Soixante-deux ans à s’aimer comme ça. À s’accompagner. À se nourrir d’habitudes. C’est l’histoire d’une vie simple. Juste une. C’est ça qui frappe chez mes grands-parents. Il n’y a pas deux vies, deux entités. Il y a une vie à se fondre l’un dans l’autre. Je sculpte la statue de mes grands-parents, allongés dans leur lit, main dans la main.

🎧 Seul comme toi #2 : Les inséparables

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Violences sexuelles, précarité, souffrance physique : la lutte des bergèr·es pour leurs droits

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