Une tendance compulsive à éditorialiser qui ne vous a pas quittée avec les années, bien au contraire. C’est ainsi que nous avons recensé, sur le site du « Journal », le média dont vous êtes fondateur et directeur (forcément) depuis le printemps 2023, pas moins de 537 éditoriaux, « billets » et autres « chroniques », soit quasiment une publication par jour, félicitations. D’indispensables textes, dont nous reproduisons ci-dessous de substantiels extraits car nous doutons, au vu de la confidentialité dudit « Journal », qu’ils soient connus de notre lectorat, dans lesquels vous nous éclairez de votre avis primordial sur à peu près tous les sujets d’actualité, et grâce auxquels on aura appris entre autres, au cours des deux dernières années :

- Que la famille d’Adama Traoré, tué par des gendarmes en 2016, mène une « campagne agressive » : « En tout état de cause, le doute demeure. Du coup, il est fort possible, si les deux juges d’instruction ont raison, que la campagne agressive menée par la famille Traoré et par les groupes politiques qui la soutiennent consiste en fait à s’attaquer à des innocents, dont la rectitude professionnelle est sans cesse dénigrée sur la place publique sans qu’on en apporte la preuve. »

- Que l’État d’Israël est « une démocratie, certes imparfaite, comme beaucoup d’autres, mais où les libertés essentielles sont respectées, où l’on vote librement et où règne l’état de droit, imposé par des tribunaux indépendants. »

- Que la gauche n’est pas assez ferme en matière d’immigration et contribue de la sorte à faire monter l’extrême droite : « La gauche répugne à rappeler qu’il n’existe dans aucun pays un "droit à l’installation" […]. Michel Rocard avait pourtant précisé que la France ne peut pas "accueillir toute la misère du monde", même si elle doit "en prendre sa part". Une évidence que la gauche peine à faire sienne, ce qui ouvre un boulevard aux thèses nationalistes et xénophobes qui infestent le débat public. »

- Que même si ce n’est pas tout à fait pareil, on peut comparer certains militants écologistes à des nazis : « "Quand j’entends le mot culture, je sors mon bol de soupe… " Tel est, semble-t-il, le mot d’ordre des nouveaux combattants de l’art. Pour exprimer leur opposition, pour attirer l’attention sur leur cause et imposer leur manière de voir, ils s’en prennent aux œuvres avec des armes inédites. On se souvient de la formule initiale, due à Joseph Goebbels : "Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver ". La soupe plutôt que le plomb : on admettra qu’il y a là un progrès. L’ennui c’est que, même sur un mode pacifique et quelque peu bouffon, la cible est la même : les œuvres d’art. »

- Que l’armée israélienne « peut être accusée de crimes de guerres […] mais [qu’]user du terme de génocide relève de la confusion mentale la plus élémentaire pour quiconque considère avec un minimum de bonne foi la réalité des deux faits historiques. »

- Que lorsque les jeunes des quartiers se soulèvent après l’assassinat par un policier, à l’été 2023, de Nahel Merzouk, ils renforcent les discriminations dont ils sont victimes : « Les mêmes jeunes, ou leurs amis, se plaignent de la "stigmatisation" dont sont victimes les quartiers populaires. Croient-ils que ces scènes de violence […] vont améliorer l’image publique de leur cité, laquelle leur coûte cher dès qu’ils cherchent un emploi ou un logement ? Ils se plaignent à juste titre des préjugés du reste de la population à leur encontre. La violence urbaine, il faut bien le dire, ne fait que les renforcer. »

- Ou encore que lorsque Bernard Cazeneuve ne bénéficie pas d’une interview 100% complaisante sur France Inter, c’est la preuve que la radio publique se comporte comme « l’organe de l’extrême gauche » : « France Inter, parlant de la gauche réformiste, énumère les éléments de langage de LFI. C’est le "choix de la jeunesse", sans doute. Officiellement, la radio, publique, n’est "ni de droite ni de gauche". C’est tout à fait vrai : lundi matin, France Inter était l’organe de l’extrême gauche. »

Des éditoriaux dans lesquels vous vous en prenez en outre, avec une régularité quasi-métronomique, à la FI et à Jean-Luc Mélenchon, avec parfois des périodes obsessionnelles à l’égard de ce dernier, comme ce fut le cas à l’occasion de la dernière séquence électorale, durant laquelle vous avez multiplié les publications dont les titres —particulièrement variés — parlent d’eux-mêmes, de « Mélenchon : La France soumise » (17 mars 2024) à « Mélenchon est nu » (15 septembre 2024) en passant par « Le cirque Mélenchon » (22 avril 2024), « Le boulet Mélenchon » (15 juin 2024), « L’obstacle Mélenchon » (18 juin 2024), « Mélenchon contre la gauche » (23 juin 2024), « La diffamation de Mélenchon » (2 juillet 2024), « Le piège Mélenchon » (7 juillet 2024), « Jean-Luc Maduchon » (5 août 2024), qu’est-ce qu’on se marre, « Mélenchon sabote le Nouveau Front Populaire » (19 août 2024) et « Mélenchon, le mouton noir » (30 août 2024), sinon ça va vous ?

Cher Laurent Joffrin - Boxing Day #19

● Medias● Politique

Qui va rembourser la dette ? (Spoiler alert : pas vos enfants) - Avec @StupidEco et @Heu7reka

● Medias
● Politique