"Notre histoire politique est fondée sur le rejet : le rejet de notre passé, le rejet de nos régimes précédents et l’idée que nous sommes à l’aboutissement de notre œuvre constitutionnelle et politique. Cherchez, vous verrez que vous n’aurez pas grand chose de bien à dire sur la IVe République, ou les régimes précédents ! À part Vichy, régime despotique et collaborationniste, la France a vécu de longues années républicaines avant la Ve. Et pourtant, on se souvient surtout de ces régimes comme des régimes de malheur, où l’instabilité politique détruisait toute confiance, où le mal était partout. Et pourtant, on oublie que ce sont les régimes de la liberté de la presse, de la liberté d’association, de la séparation des églises et de l’État, des congés payés, de l’assurance sociale et de la retraite par répartition. Des régimes sociaux. Pour nous convaincre de ne pas bouger, on nous a expliqué à quel point c’était atroce avant, et combien c’est tellement mieux maintenant. On dit “l’instabilité politique” était énorme, les gouvernements et les alliances ne duraient que quelques mois parfois, la France ne bougeait pas, personne n’avait le temps de faire quoi que ce soit, c’était le chaos. Ce qu’on appelle l’instabilité politique, c’est assez largement l’incapacité des institutions d’un pays à tenir un cap raisonnablement cohérent pendant la durée d’une législature."
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Blast, le souffle de l’info