La grève est un droit. La grève est même un droit constitutionnel. Il faut le rappeler inlassablement, et à très haute voix. En effet, le gouvernement semble avoir des problèmes avec le droit de grève. La première ministre, Elisabeth Borne, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, n’ont eu de cesse ces dernières semaines , de piocher dans le lexique guerrier, évidemment destiné à présenter les grévistes comme des ennemis. Et c’est bien sûr la même rhétorique guerrière et sécuritaire qui est régulièrement mobilisée par les commentateurs et commentatrice qui, sur les chaînes dites « d’info », et en particulier sur la plus droitière d’entre elles, présentent la grève comme une « prise d’otages ». La cheffe du gouvernement réprimande donc les grévistes qui ont l’outrecuidance de ne pas se démobiliser lorsqu’ils estiment que leurs revendications n’ont pas été suffisamment prises en compte. Alors que ces salariés exercent leur droit de grève, Élisabeth Borne soutient sans rire que ce comportement est anormal, car explique-t- elle, ils devraient plutôt se rallier à un accord qu’elle présente comme majoritaire. Mais elle, que fait-elle, quand, par exemple, l’Assemblée nationale se prononce très majoritairement, comme c’est le cas en ce moment, contre le projet de budget que défend son gouvernement ? Est-ce que la Première ministre s’applique à elle-même la règle qu’elle édicte pour les grévistes ? Est-ce qu’elle se plie à l’avis de la majorité ? Pas du tout : elle sort son article 49.3. Pour les salariés comme à l’Assemblée Nationale, il semblerait que la macronie n’aime pas trop la démocratie. Nouveau numéro de « Quelle époque formidable », la chronique politique de Sebastien Fontenelle, à retrouver tous les jeudi, sur Blast.
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