La nature n’existe pas. Ce serait en réalité un concept inventé à la fin de la Renaissance, au moment où les société occidentales se sont mises à opposer nature et culture. Elles ont alors inventé un mot pour désigner tout ce qui n’est pas nous, les humains, actant notre séparation du monde vivant. Dès lors, la "nature" a été perçue, de plus en plus, comme une réalité extérieure, un vaste champ de ressources exploitable à l’infini. Pour satisfaire nos besoins. Pourtant, dans d’autres civilisations, d’autres peuples, ce concept n’existe pas. Il n’y a pas de mot pour dire "nature". L'humain fait intégralement partie du vivant. Pour Philippe Descola et Alessandro Pignocchi, c’est cette rupture qui aurait profondément façonné notre rapport au monde, permis l'avènement de la civilisation industrielle, justifié les systèmes de dominations et les pires destructions écologiques. Mais ils l’affirment, il est aujourd’hui possible de dépasser ce cadre de pensée qui nous enferme et nous emmène vers la catastrophe. Dans leur livre “ethnographies des mondes à venir”, les deux auteurs montrent comment l'anthropologie nous aide à imaginer l’avenir autrement que comme un trajet unique et tout tracé vers le désastre. Ils le disent : “l'avenir est ouvert à tous les possibles pour peu que nous sachions les imaginer”. Et si le monde d’après était déjà dans celui-ci ? Et s’il suffisait de s’inspirer d’autres manières de vivre pour le faire advenir ? Avec Alessandro Pignocchi et Philippe Descola, Paloma Moritz vous propose d’explorer de nouvelles façons de faire de la politique. De comprendre comment “affaiblir un monde dominant réglé par les lois de l'économie et ainsi faire émerger des mondes plus égalitaires”.
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