Travailleuses, travailleurs, camarades, c’est cuit. On s’est bien battus, mais la réforme des retraites est passée. On nous avait promis la ruse et la fureur. Mais il faut avouer que les macronistes ont étés plus rusés, voire carrément plus cyniques. Ils ont utilisé tous les outils, jusqu’aux plus coûteux démocratiquement. Ils ont méthodiquement démoli les derniers contrepouvoirs à leur domination politique. Même avec une majorité relative au Parlement, ils parviennent à guider la politique française vers la direction souhaitée par leur capitaine en chef. 49.3 pour le budget, 47.1, 44.3 et pour la réforme elle-même, remplacements en Commission sociale et article 40 en séance pour la proposition LIOT ! Ce n’est plus de la rationalisation de l’activité parlementaire, c’est carrément une destitution. Et on voit bien qu’au fond, le problème des retraites est double et c’est ce qui explique que la mobilisation ait été si intense et si longue : d’un côté cette réforme cristallise tout ce que les plus modestes et les plus à la peine ne supportent plus d’entendre. Et de l'autre côté, les Français sont franchement opposés au style macronien : vertical, abusif et violent. Ce profond rejet des français s’est manifesté par de lourdes pertes pour les macronistes. D'ordinaire, un président élu bénéficie d’un très fort effet d'entraînement pour les législatives où son parti rafle une large majorité à l’assemblée. Mais l’an dernier, il semble que le désamour des français pour Macron ait été si fort qu’il a contrecarré cet effet d'entraînement. En effet, la NUPES est arrivée en tête du premier tour des législatives, une première sous la Vème République pour des législatives aussi proches d’une présidentielle ! Et il a bien fallu à notre bon Roi manœuvrer autour de cet obstacle… Il a alors inventé tout un ensemble, de “nouvelles méthodes”, “compromis” et autres tisanes lénifiantes à chaque fois plus rocambolesque les unes que les autres, Comme on le redoutait, le système macroniste a tenu à sa réforme comme à sa vie et a fini par imposer ses choix au prix d’une profonde fracture dans le corps social français. Le mécontentement qui parcourt le pays risque alors très certainement de muter de strate, de passer d’un désaccord politique, ou de style de gouvernement, à une défiance ouverte et subversive de nos institutions. Alors pour éviter de se noyer de désespoir, que faire ? Nous avons vu la fois dernière que les problèmes démocratiques français se situaient essentiellement dans la prépondérance présidentielle. Plusieurs options s’ouvrent alors : revenir à la Vème telle qu’elle était en 1958, ou tout bazarder et essayer une nouvelle République. Chacune de ces options a ses dangers, ses avantages et ses contraintes. Dans cet épisode, on va se focaliser sur la première option et se demander si au fond, il ne suffirait pas de revenir à nos institutions initiales, celles qu’on avait avant que de Gaulle ne fasse son référendum de 1962, avant que tout parte à vau-l’eau.
Crédits photo/illustration en haut de page :
Blast, le souffle de l’info