À Marseille, début juillet, Hedi, 22 ans, affirme avoir été littéralement roué de coups par six policiers après avoir d'abord été touché à la tempe par un tir de lanceur de balles de défense. Plusieurs policiers de la brigade anticriminalité ont été placés en garde à vue. Lors de leur transfert depuis les locaux de l'inspection générale de la police nationale vers le quartier général de la police marseillaise, ils ont été applaudis par leurs collègues qui s'étaient spontanément rassemblés pour leur apporter leur soutien. Mais le plus édifiant dans cette affaire est le silence de mort des macronistes. Car lorsque des policiers refusent collectivement d'effectuer leur mission de routine pour protester contre l'incarcération d'un fonctionnaire soupçonné d'avoir perpétré de graves violences, cela commence à ressembler d'assez près à une sédition. C'est-à-dire à un soulèvement concerté contre l'autorité établie. Et lorsque les chefs de ces policiers dont le comportement pourrait presque être considéré comme factieux demandent qu'ils soient exonérés des règles de droit qui s'appliquent au commun des mortels, cette volonté de se détacher des lois communes pour constituer une entité autonome bénéficiant d'une impunité particulière, commencerait presque, elle, à ressembler à du séparatisme. Leur silence de plomb s'explique peut-être par le fait qu'ils savent pertinemment que les policiers sont la dernière ligne qui les protège encore contre les colères du peuple et qu'ils n'ont par conséquent plus beaucoup d'autres choix que de s'incliner devant leurs attaques contre la justice et contre l'État de droit. Il peut aussi s'expliquer par le fait que ces atteintes gravissimes s'inscrivent parfaitement dans leur interminable dérive autoritaire et ne les gênent donc pas du tout, bien au contraire. Mais ils nous confirment dans tous les cas qu'aussi longtemps que ces gens seront au pouvoir, nous devrons désormais nous montrer extrêmement vigilants et nous préparer au pire.
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Blast, le souffle de l’info