En 1975, au moment où sort le film Dupont Lajoie, un jeune catholique intégriste qui se balade partout avec des photos de Saint dans les poches de son veston et son frère, prennent le contrôle de la banque de l’Union européenne industrielle et financière. C’est le début de l’ascension de Saint-Vincent Bolloré. Le jeune breton a de grands desseins pour la France. Il a compris très tôt que les politiques étaient du menu fretin, qu’on pouvait acheter les présidents à coup de yacht et de Rolex, qu’il fallait être patient. Il a compris très tôt que pour compter dans le paysage et faire aboutir ses idées, il fallait acheter des médias. Y mettre le prix. Pour Bolloré, les journalistes aussi sont du menu fretin. Et les commissions parlementaires une sorte de grande vespasienne où on peut se déboutonner sans risques. Un peu comme chez Pascal Praud le soir. Le grand déversoir, la vérité parallèle, les obsessions sécuritaires. Les braises chaudes de la guerre de civilisation. La petite bande est là avec un petit contradicteur qui sert d’alibi et ça y va à fond les manettes. Chaque soir, c’est un florilège, une quintessence. Les gars vivent en monde clos. Bolloré a réussi son coup. CNews allume la mèche. Le lendemain, Europe 1 reprend et puis ensuite le JDD, Paris Match… Et maintenant l’édition. Depuis le 7 octobre, l’attaque du Hamas et la riposte d’Israël, la situation se tend dans les médias français. On a le droit de partir en guerre de son salon et de dire à peu près n’importe quoi. Plus c’est inhumain, violent, islamophobe, con, mieux c’est. Et la course à l’audience les rend tous dingues : pour son dernier édito de 2023, Denis Robert pare au plus pressé...
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Morgane Sabouret