Son frère, en cavale, a été abattu par le GIGN. Il s’appelait Angelo, un gars du voyage comme on dit. Depuis 2017 et la mort d’Angelo Garand, sa sœur Aurélie porte le combat de la vérité, avec des mots forts, justes, terribles. « Quand quelqu’un essaye de s’évader de prison, les matons ont le droit de lui tirer dessus. Pour Angelo, il faut croire qu’ils ont laissé le GIGN prendre le relais. Après l’avoir laissé sortir, ils ont raconté partout que c’était un évadé, mais moi j’appelle ça un déserteur. Il ne voulait pas crever dans leur prison de morts. Toute sa vie d’adulte, il aura été un condamné. Depuis qu’ils nous ont fait ça, ils n’ont plus le contrôle sur lui. Il n’est plus un numéro d’écrou. Bientôt, il ne sera même plus un numéro de dossier en cours. Il restera pour toujours Angelo Garand, mon frère. » Avec ce texte puissant, Aurélie Garand s’adresse à celles et ceux au nom de qui s’exerce la justice, pour nous faire entendre sa vérité : la mort de son frère, intolérable, est le fruit de la brutalité judiciaire, de la déshumanisation carcérale, d’un racisme institutionnel séculaire. Dans "Depuis qu’ils nous ont fait" ça, elle parle de sa colère, de sa confiance, de ses méfiances, de ce qui se joue au niveau judiciaire, médiatique, politique et militant. On est pas des merdes, répète-elle. On prend le café avec elle.
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Blast, le souffle de l’info