Autoroutes bloquées, défilés de tracteurs, bâtiments publics visés… Pendant plusieurs semaines en janvier et février 2024, l’actualité a été marquée par de larges mobilisations paysannes, faisant écho à des mouvements agricoles un peu partout en Europe contre les politiques vertes et autres directives européennes, jugées contradictoires et injustes. Le mouvement est parti des bases, des éleveurs surtout, notamment contre l’augmentation du prix du gazole et pour un revenu décent. Mais il a très vite été cadré par les syndicats, FNSEA en tête. La Fédération majoritaire, tenante d’une agriculture productiviste, domine le secteur depuis plus de soixante ans, avec à sa tête des hauts cadres de l’agro-industrie. Cette organisation patronale, cogérante historique des politiques agricoles, a encore une fois été le partenaire privilégié du gouvernement. Mais derrière cette unité de façade, c’est l’énième crise d’un monde paysan toujours plus réduit et plus inégalitaire, asphyxié par un modèle basé sur le productivisme et la compétition.
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Morgane Sabouret / Diane Lataste