« La boxe est une affaire sérieuse. Ça n’est pas du divertissement. J’ai grandi avec ces directives, synthétisées dans un mantra simple qui sonne comme un vieux proverbe shaolin : « On joue au foot, on joue au basket, on joue au tennis, mais on ne joue pas à la boxe, on la pratique. » » écrit Médine en préface du livre de Selim Derkaoui « Rendre les coups, boxe et lutte des classes (édition le passager clandestin) ». « Pourquoi Selim écrit Rendre les coups, ça, je devine. Par fidélité. Pour ne pas trahir. Pour marquer que, même s’il est passé de l’autre côté du périph, même s’il est devenu intello et parisien, il maintient le lien, avec son père, avec sa mère et ses sœurs, avec ses pairs, avec tous les ouvriers du ring et d’ailleurs. Par la boxe, c’est un livre d’amour, au fond. Et Selim ne rend guère de coups, ici : il rend plutôt, par la plume, l’amour, l’affection, la tendresse qu’il a reçus. » gratte François Ruffin en post face. Entre les deux, un récit d’une grosse centaine de pages qui raconte la boxe des campagnes et surtout des banlieues, la sueur et les coups portés, un voyage qui aide à avoir moins peur, le sport des noirs et des arabes, la relation d’un père et d’un fils. Un livre politique et vivifiant qui nous fait voyager entre rap et cinéma, Saint Denis et la Normandie, les galas du samedi et les paillettes de Canal Plus. « À quel moment un membre des classes dominantes décide de pratiquer un sport alors qu’il n’a aucune raison objective de le pratiquer ? À quel moment souhaite-t-il se mettre dans la peau d’un homme qui joue sa vie sur le ring ? » se demande, la championne de boxe Aya Cissoko, interrogée par Selim. Bonne question à laquelle le livre et l’entretien mené ici dans ce Zoom arrière de gala par Denis Robert tentent de répondre. Principal cogneur sur le ring de Blast Christophe Dettinger, l’ancien champion de France des lourds qui a eu le malheur de croiser voici cinq ans, sur un pont de Paris, des gendarmes derrière leurs boucliers, tabasseurs de gilets jaunes. Lui n’avait que ses points et son courage pour défendre sa cause. On lui a fait payer très cher cet héroïsme-là. Rendre des coups. C’est ce que raconte cet entretien de lutteurs très classes.
Crédits photo/illustration en haut de page :
Morgane Sabouret / Diane Lataste