Cet entretien fait suite à la publication cette semaine en France d’un ouvrage de l’historien italien Enzo Traverso « Gaza devant l’histoire » aux éditions canadiennes LUX. Pas un hasard d’ailleurs, si l’auteur, professeur d’histoire ayant fait une partie de sa carrière en France et ayant migré à la prestigieuse université américaine de Cornell aux USA, a choisi un éditeur étranger pour publier ce que certains qualifieront aisément ici de brûlot. Tant l’ambiance en France est électrique. Le sujet-une relecture du massacre du 7 octobre à l’aune de l’histoire d’Israël- s’inscrit dans le contexte tragique de ce que Traverso qualifie dès le début du livre et de l’entretien de génocide. « L’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 a fait l’objet, presque partout, d’une condamnation nécessaire et compréhensible. En revanche, la furie dévastatrice et meurtrière déchaînée par Israël au cours des mois suivants a suscité des réactions beaucoup plus mitigées, des prises de distance embarrassées mais toujours indulgentes, généralement bienveillantes. » prévient-il avant d’expliquer : « Tout le monde a compris que cette guerre marque un tournant, non seulement pour ses conséquences géopolitiques, mais aussi pour ce que les Palestiniens et les Israéliens représentent aux yeux du monde. Certes, aujourd’hui elle appartient au présent et nous ne sommes pas encore en mesure d’en écrire l’histoire… ». Avec cet entretien fleuve et passionnant de plus de deux heures, l’historien et son intervieweur tentent d’historiciser le massacre en cours en multipliant les sources et les références géopolitiques. La discussion, libre et érudite, fait du bien au moment où partout ailleurs dans les médias dominants, dès qu’on évoque un soutien aux Palestiniens ou qu’on nomme le génocide en cours, on est taxé par des esprits obscurs, étroits et souvent haineux, d’antisémites. Faites-vous votre opinion en vous connectant. Vous pourrez également lire sur le site de Blast un chapitre du livre d’Enzo Traverso qui éclaircit cette question de l’antisémitisme et de son avatar l’antisionisme.
Crédits photo/illustration en haut de page :
Morgane Sabouret