La terrifiante progression de l'extrême droite au delà des urnes

L'extrême droite s'installe en France sous les traits de Jordan Bardella et du RN, mais les mouvements d'ultra droite, encore plus radicaux et violents, sont de plus en plus visibles et exhibitionnistes dans les rues et sur les réseaux sociaux. L'enquête de Thierry Vincent, présentée dans cette vidéo par Florence Gaillard, est le fruit d’un long travail fastidieux, parfois dangereux, toujours compliqué. La gageure était de brosser un panorama le plus complet possible et de mettre en lumière cette infiltration qui semble se ramifier à partir d’une idéologie commune raciste, suprémaciste, militariste, misogyne et antisémite pour contaminer toutes les strates de la société, en particulier celles touchant la jeunesse. Nous montrons entre autres ici comment des idéologues clairement néonazis utilisent les stades de football, la scène musicale, les réseaux sociaux, les jeux vidéo, la presse, la bande dessinée et même le cinéma et l'édition pour diffuser des messages de haine et de ségrégation. Ainsi, nous constatons que l'extrême droite n’est pas constituée de combats politiques ou de combats, tout court. Elle s’appuie et s’enracine sur une culture qui se présente comme une contre-culture, avec ses codes ses mythes, ses communautés. Le monde du sport et d’une manière générale de la culture, semblent de plus en plus perméables à cette dynamique fachiste et in fine mortifère qui contamine l’espace politico-médiatique, avec la complicité d’acteurs médiatiques peu regardants. Qui connaît Call of Terror, Raptor dissident, Saint-Claude 88 ou Papacito ? Qui a entendu parler de West Casual, des MesOs, de la LOSC Army, idFréquentables ou des vandales Bezac ? Autant de termes abscons pour le profane mais familier pour les sympathisants d'extrême droite. Au-delà de ces groupuscules, un écosystème culturel, militant aux relents racistes et xénophobes, est en plein essor en France. Il ne s’agit pas de globaliser, ni de réduire des secteurs culturels à ces relents, mais d’alerter sur une forme de guerre intestine et culturelle assumée, de plus en plus visible et lisible. Cette présence n'est pas exclusive à ces secteurs, mais cette ultra droite violente parvient à s'y insérer de manière préoccupante. Elle pourrait faire passer le RN et ses candidats pour d’aimables sociaux-démocrates. D’où sans doute la complaisance des médias d’extrême droite - de Valeurs actuelles à CNews, de Livre noir à Fayard - à leur égard. EDIT : Droit de réponse Dans cette enquête vidéo, la formation musicale Cœur Vaillant est citée pour ses textes à la gloire des Croix de Feu et d'un certain antirépublicanisme. A une époque où mes conditions de vie étaient difficiles et où la musique représentait pour moi une bouée de sauvetage, j'ai participé en tant que musicien à ce projet de studio. En ce temps-là, j'avoue ne pas m'être intéressé aux textes, que je n'ai donc évidemment pas écrits. Par ignorance et négligence, j'ai laissé ces enregistrements être rendus publics il y a deux ans et demi. Lorsque je fus alerté sur la teneur des textes et des références historiques, j'ai rapidement posté un communiqué sur les réseaux sociaux pour annoncer publiquement que je regrettais d'avoir participé à Cœur Vaillant et que je rompais avec ce projet. Je ne renie pas ma part de responsabilité : j'aurais dû m'informer et c'est ce que j'essaie de faire désormais. Aussi, dans la période troublée que nous vivons, devant les enjeux cruciaux auxquels nous faisons face, j'affirme n'être ni raciste ni fasciste et ne pas sentir la moindre affinité avec aucune variante ni influence de l'extrême droite. David

Crédits photo/illustration en haut de page :
Diane Lataste