Réforme de l’assurance chômage, baisse des APL, réforme du RSA d’un côté, exonération d’impôts sur les entreprises, suppression de l’impôt sur la fortune, flexibilisation du travail de l’autre : le macronisme articule haine des pauvres et amour des riches. Cette politique, couronnée par un mépris de classe régulier du président à travers divers petites phrases (il suffirait à « ceux qui ne sont rien » de « traverser la rue » pour enfin « acheter un costard »), implique une idéologie cohérente : le néolibéralisme. Comme nous l’explique le sociologue Christian Laval, les néolibéraux - dont Emmanuel Macron apparaît comme un représentant paradigmatique - défendent une certaine vision de l’humain et de la société. La mise en concurrence serait la dynamique par laquelle les individus « s’émancipent », déploient leur « potentiel », une manière d'opérer un tri entre les gens capables, méritants, et les autres. Une situation de pauvreté est ainsi d’abord expliquée par la responsabilité de chacun. Le poids des déterminismes sociaux, de nombreuses fois démontré par les sociologues, se retrouve limité à n’être que poudre de perlimpinpin. Un projet de société souvent présenté dans de nombreux pays comme la seule alternative (pour reprendre le slogan fameux de Margaret Thatcher, une précurseure du genre), et ce qu’importe les oppositions sociales. Jusqu’à la guerre civile, s’il le faut.
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Diane Lataste