Depuis quelques années, les récits de « transfuges de classe » ont pris une place de plus en plus importante dans l’espace médiatique, et leurs récits sont particulièrement appréciés des spectateurs, lecteurs et auditeurs. De très grands écrivains ont par exemple raconté leurs parcours d’une classe sociale à une autre dans des ouvrages devenus des références. Mais ce concept est aussi employé de manière de plus en plus répandue dans des émissions par des stars de la chanson, du cinéma, ou des réseaux sociaux. Et les médias en raffolent : En 2017, les expressions « transfuges de classe » et « transclasses » sont utilisées 16 fois dans les grands quotidiens nationaux, contre 64 fois en 2019, 186 fois en 2021, et 307 fois au premier semestre 2023 (corpus Europresse). L’emploi du terme est devenu si commun qu’il s’applique parfois à des personnalités dont l’ampleur de la mobilité sociale est contestée. Mais vrai ou faux récits de transfuges de classe : quelle est leur place aujourd’hui ? À quoi servent-ils ? Comment sont-ils construits ? La linguiste Laélia Véron a décidé d’analyser ces discours, et d’interroger leur rôle politique.
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Morgane Sabouret