Pop fascisme : une armée d'influenceurs pour gagner la bataille culturelle

En à peine quelques années, les idées et les mots de l’extrême droite se sont imposés dans le débat public et la société. Mais aussi à l’Assemblée nationale. En 2017, le Front National avait 8 députés, le RN en a aujourd’hui 141 si on compte leurs alliés… On pense souvent au rôle des médias dans cette ascension. Mais si c’était finalement aussi grâce à internet que les idées racistes et anti-progressistes d'extrême droite étaient devenues mainstream ? C’est le constat de Pierre Plottu et Maxime Macé qui enquêtent depuis 10 ans sur la mouvance. Pour les deux journalistes, l'extrême droite est en train de gagner la bataille culturelle sur internet grâce à tout un écosystème : la fachosphère et ses adeptes qui œuvrent depuis plus de 20 ans. Leur but : séduire hors du cadre de la politique traditionnelle. Tout est bon pour parler de politique et véhiculer des idées nauséabondes sans en avoir l’air : des tutos pour draguer, pour devenir un vrai homme, des vidéos lifestyle, de musculation… C’est donc une vision du monde masculiniste, misogyne, raciste, anti woke et climato sceptique qui se répand de plus en plus vite sur les réseaux sociaux. Avec un ennemi à abattre la gauche, sans cesse diabolisée. En France, les contenus de la fachosphère compte des millions de vues sur les réseaux et leurs idées se répandent jusque dans les médias, surtout ceux de Bolloré… Les stratégies des influenceurs marchent tellement bien que des responsables politiques comme Jordan Bardella les imitent pour avoir l’air plus “sympathiques”. Alors comment en est-on arrivé là ? Combien de vues sur les réseaux sociaux se transforment en voies pour le Rassemblement national ? Comment résister face à cette bataille culturelle menée par l’extrême droite ? Réponses dans cet entretien de Paloma Moritz avec Pierre Plottu et Maxime Macé.

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Morgane Sabouret