Malgré une enquête et un dossier judiciaire indignes et à charge, Dany Leprince a été condamné à perpétuité pour le quadruple meurtre de son frère, de sa belle-sœur et de leurs deux enfants. Tout s’est joué à la feuille de boucher, en quelques heures, le 5 septembre 1994 à Thorigné, village sarthois et agricole où les maisons des deux frères étaient voisines. Le massacre, l’enquête baclée, la pression politique et judiciaire puis la mise en examen. Après des aveux obtenus après des nuits sans sommeil et 46 heures de garde à vue, Dany Leprince, ses avocats, quelques amis et journalistes se sont battus pour qu’enfin les faiblesses du dossier et le rôle ambigu de son épouse et d’une de ses filles apparaissent. La commission d’instruction, missionnée en vue de la révision de son c, le libère en juillet 2010. Il se bagarre depuis pour obtenir son acquittement et retrouver le ou les assassins toujours en fuite. Pas de traces d’ADN, incohérences flagrantes dans l’emploi du temps, présence de traces de chaussures sur les lieux du crime jamais étudiées, aveux obtenus par un stratagème, partialité du parquet et de la juge d’instruction, faux témoignages, armes du crime vraisemblablement perdues par les enquêteurs : rarement une enquête judiciaire n’a vu une telle liste d’erreurs et de mauvaise foi. Dany Leprince vient de publier un livre qui chute ainsi : « J’ignore si, par ces pages écrites, je suis parvenu à vous convaincre de mon innocence. En réalité, ce n’était pas mon but. Je sais pertinemment que seule la justice pourra dire un jour : les éléments nouveaux rassemblés par la commission de révision ouvrent la voie à un nouveau procès pour Dany Leprince. Dans ce livre, j’ai simplement raconté avec sincérité ce que j’ai vécu depuis ces funestes jours de septembre 1994. En avouant un crime que je n’avais pas commis, j’ignorais que, lentement, on allait me vider de ma vie. Il faut avoir connu la prison pour saisir cette infinie solitude et ces longues périodes de détresse qui s’imposent à vous. Ces souffrances sont venues s’ajouter à un sentiment d’injustice qui ne m’a jamais quitté en dix-huit ans d’incarcération » écrit Dany Leprince en épilogue de son livre paru (chez Flammarion) le mois dernier en collaboration avec le journaliste Bernard Nicolas. Nous les recevons tous deux sur le plateau de Blast pour un Zoom arrière plein d’émotion, de sueur, de sang et de larmes. D’espoir aussi. Celui qui veut que trente ans plus tard on comprenne comment le massacre silencieux d’une famille a pu avoir lieu un dimanche soir dans un village perdu de la Sarthe.
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Blast, le souffle de l’info