A qui appartient un média ou un journal ? Quand on est BFM, les Echos ou Paris Match, facile : à un milliardaire dont les intérêts sont très éloignés du journalisme. Quand on est une radio ou une chaîne du service public d’informations, comme son nom l’indique, on appartient aux citoyens français même si (et c’est tout le problème) le gouvernement et donc la majorité politique se substitue au peuple pour lui faire avaler de jolies couleuvres. Nous venons de parcourir 95% de l’échiquier. Restent les médias indépendants qui appartiennent à leurs abonnés, actionnaires ou sociétaires. Et le Canard enchaîné. Le vieux Canard enchaîné né en 1915. Le Canard n’appartient ni à ses lecteurs, ni à ses abonnés, ni à un milliardaire, ni à ses actionnaires. Le Canard, fort d’un joli tas d’or de plus de 130 millions d’euros, appartient à … un sac de nœuds. Au-delà de l’affaire Escaro, du nom du dessinateur qui a fait salarier son épouse, pour vendre ses parts au duo Michel Gaillard-Nicolas Brimo- à la tête du Canard depuis des lustres, c’est toute la question de cette propriété du titre qui sert de fil rouge à cet entretien décapant. Christophe Nobili est une plume du Canard, on lui doit plusieurs révélations dont celle de l’emploi fictif de Pénélope Fillon qui a fait exploser le casting de la présidentielle de 2017. C’est justement en raison de cette affaire Fillon que Nobili s’est battu, au début seul, à l’intérieur du Canard pour comprendre pourquoi Edith Escaro, l’épouse du dessinateur, possédait une carte de presse et bénéficiait d’un emploi fictif alors qu’elle n’était pas journaliste et n’avait jamais mis un pied au Canard. « On ne peut pas dénoncer Fillon et faire la morale à la Terre entière et faire la même chose que ce qu’on dénonce en interne » explique le lanceur d’alerte. C’est le début de l’affaire du Canard. Celle qui lézarde aujourd’hui la vénérable institution et fait s’affronter deux camps…
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Diane Lataste