Et si après avoir déréglé le climat au point de menacer la vie sur terre, on décidait de le contrôler ? C’est le grand projet de la géo-ingénierie qui rassemble toutes les techniques qui visent à manipuler artificiellement le climat pour atténuer le réchauffement climatique. Et les idées ne manquent pas : ensemencer les nuages, envoyer des miroirs dans l’espace retirer le CO2 de l’air grâce à de grands aspirateurs, blanchir l’océan ou encore injecter des aérosols dans la stratosphère pour réfléchir une partie du rayonnement solaire… La géo-ingénierie a longtemps été considérée comme une lubie d’apprenties sorciers du climat, une folie mais elle est aujourd’hui de plus en plus acceptée et prise en compte dans les discussions internationales. Et les arguments de ses défenseurs sont de plus en plus entendus : puisque l’on n’arrive pas à baisser significativement les émissions mondiales, pourquoi ne pas agir directement sur leurs conséquences ? Les espoirs se tournent progressivement vers ces technologies qui proposent de refroidir la Terre sans changer notre modèle de développement ni de consommation. Sans toucher au capitalisme ou au business as usual. Aujourd’hui, beaucoup s'inquiètent qu’il n’y ait pas de réel cadre de gouvernance internationale sur cette question. De nombreux scientifiques et politiques pointent les risques immenses à perturber aussi intentionnellement les équilibres planétaires, les géo ingénieurs expliquent eux que c’est la seule manière de préserver l’habitabilité de notre planète. Que toutes ces techniques vont nous permettre de gagner du temps. Mais à quel prix ? Ce qui relevait de la science fiction est désormais bien réel et soutenu par des compagnies pétrolières et gazières, des milliardaires comme Bill Gates, des dizaines de start ups. Alors quels sont les risques autour de la géo-ingénierie ? Quelles sont les techniques existantes et les scénarios les plus probables ? Et pourquoi pourrait-elle nous emmener vers une dystopie ? Réponses dans cet entretien de Paloma Moritz avec Marine de Guglielmo Weber et Rémi Noyon, auteurs d’un livre sur le sujet : le grand retournement.
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Margaux Simon