Toute la séquence politique des dernières semaines est symptomatique de la profonde crise démocratique que nous vivons et qui pousse tant de personnes à rejeter les politiques, à ne plus leur faire confiance ou à choisir l’extrême droite qui se présente en remède. Alors que faire face à cette démocratie à bout de souffle ? Pour Roger Sue, sociologue, il faut un réveil citoyen et une auto-organisation de la société civile. Pour ce professeur, ce n’est pas d’une fatigue démocratique que nous souffrons mais “d’une fatigue des institutions assortie d’une crise de la représentation”. Mais aussi d’une dérive autoritaire. Il dénonce un décalage entre la conversation politique, médiatique et ce qu’il se passe réellement dans la société. En bref, notre société est devenue plus horizontale alors que la politique est toujours plus verticale. Depuis mai 1968, les aspirations démocratiques, égalitaires et de justice ont énormément progressé à travers des mouvements citoyens, des réseaux et des associations… Roger Sue l’écrit “la société civile invente de nouveaux codes, de nouveaux médias, une nouvelle économie des connaissances, une nouvelle manière de travailler, de se relier à soi, aux autres, à la nature”. Et pourtant “Côté politique, il n’y a jamais eu de réponse à la hauteur de cette grande transformation de la société civile. La dynamique de la société s’est heurtée à l’immobilisme des institutions politiques, qui n’ont guère changé depuis le début de la Ve République, en 1958”. Alors comment expliquer un tel décalage ? La société française est-elle en réalité plus à gauche qu’on ne le pense ? Comment créer un réveil citoyen et repenser la citoyenneté ? Réponses dans cet entretien de Paloma Moritz avec Roger Sue
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Morgane Sabouret