« Pourquoi un pays aussi riche que le nôtre produit autant de pauvreté ? Pourquoi s’y habituer ? L’Europe a grandi et s’est déshumanisée. Les USA ont perdu de leur puissance et se préparent à un combat de vieux coqs plus proches du cercueil que de la résurrection. L’avenir s’est embrumé, le monde est une vieille cocotte-minute qui brûle à feu doux. Il y a ces atteintes aux libertés, la plongée abyssale de notre politique étrangère. La France a perdu de son influence sur les affaires de la planète. En Asie, en Afrique, au Moyen-Orient, surtout avec le soutien aveugle à Israël et le déni de réalité qu’il implique, c’est pathétique. Perdre autant de crédit en si peu de temps, c’est une forme d’exploit olympique. » Un édito qui part de loin cette semaine et brasse large entre mise en bouche de Stephen King « Nous avons eu l’occasion de changer le monde, nous avons préféré le télé-achat. » et au dessert Guy Debora et le sempiternel enfumage Macron-Lepen avec Attal et Bardella en embuscade : « Le vide de la pensée politique devient sidérant et ce n’est pas le dernier débat pour les élections européennes qui peut nous ragaillardir… Depuis 2017, les rapports humains se sont encore durcis, l’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé, le journalisme a perdu sur presque tous les fronts. A la fin des années 90 et la mort de Renaud Van Ruymbeke est venue nous le rappeler, les juges d’instruction tiraient leurs dernières cartouches. Et les ministres démissionnaient quand ils étaient mis en examen. Aujourd’hui, jurisprudence Macron, plus tu as de casseroles, plus tu as de chances d’entrer au gouvernement. » " Nous allons bientôt élire en pôle position en Europe un jeune homme de 28 ans aussi taiseux qu’un balai. Et derrière, une ribambelle de fachos – comment les appeler autrement ? - prêts à laisser couler tous les migrants qui auraient la mauvaise idée de traverser la Méditerranée. Et qui n’ont qu’un mot à la bouche. Islamisme. Pour le reste, c’est le néant. Du repli. Du national libéralisme promu à longueur d’antenne par des titulaires de carte de presse lobotomisés. »: Un édito roboratif et enlevé qui montre avec lucidité comme le spectacle intégré arrive à son apogée et comment il nous faut continuer à sourire et garder dans le regard cette braise qui dit « Cause toujours tocard, je ne suis pas dupe. »
Crédits photo/illustration en haut de page :
Diane Lataste